vendredi 23 octobre 2015

Maylis de Kerangal – Réparer les vivants / chronique


Quelques informations sur ce livre :

Auteur : Maylis de Kerangal
Titre : Réparer les vivants
Éditeur : Verticales / Folio
Nombre de pages : 288 / 304
Prix : 18,90 € / 7,50 €
Date de sortie : 2 janvier 2014





Quatrième de couverture :

« Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. »

Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.



Ce que Cédric en a pensé :

C'est auréolé de sa réputation et de sa profusion de prix littéraires – au nombre impressionnant de dix – que je me suis plongé dans la lecture de ce roman, découvrant par la même occasion l'auteure, pourtant loin d'être une néophyte. Bien plus que l'histoire d'un jeune homme de dix-neuf ans trouvant la mort dans un accident de voiture et qui, bien malgré lui, va faire porter sur les épaules de ses parents un choix cornélien et ô combien douloureux – accepter ou non que les organes de leur progéniture soient explantés de son corps pour être disséminés dans ceux de personnes malades en attente de greffe –, Réparer les vivants narre surtout l'histoire d'un don d'organes. Car c'est bien là que se trouve le principal protagoniste de ce récit, le héros que l'on va suivre de la mort au retour d'une escapade entre potes sortis pour surfer sur la houle Havraise jusqu'à le renaissance dans un bloc opératoire parisien d'une cinquantenaire dont la vie ne tenait plus qu'à un fil.

Si j'ai énormément gouté ce livre, je dois avouer que j'ai été, de prime abord, quelque peu décontenancé par le procédé peu commun utilisé par l'auteure, procédé consistant à insérer les dires des personnages au milieu des phrases, entre de simples virgules ; le roman ne comporte aucun dialogue classique. Mais une fois l'exercice de style assimilé, j'ai été totalement happé par ce magnifique récit qui, en substance, nous parle donc du don d'organe et nous fait réfléchir sur le sujet. Le tout dans un style riche, poétique, imagé, où les pensées des personnages sont développées dans de longues phrases qui flottent devant nos yeux avant de s’immiscer sous notre crâne pour se couler dans notre cortex et l’imprégner de la grâce des mots et de la réflexion.
Si la mort est omniprésente, ce roman est avant tout un récit sur la vie et sur la deuxième chance qu'elle peut parfois vous offrir, et ce grâce au dévouement passionné de certains chirurgiens. Même si cela implique l'incommensurable douleur de la perte d'un être cher pour que les dons et les greffes d'organes puissent avoir lieu.


Citation :

« C’est cela être malade, ne pas avoir le choix. »


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