jeudi 15 octobre 2015

Thomas B. Reverdy – Il était une ville / chronique

Quelques informations sur ce livre :

Auteur : Thomas B. Reverdy
Titre : Il était une ville
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 272
Prix : 19,00 €
Date de sortie : 19 août 2015


Quatrième de couverture :

Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c'est arrivé. C'est dans cette ville menacée de faillite qu'Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile. C'est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie, Charlie qui vient, à l'instar de centaines d'enfants, de disparaître. Mais pour aller où, bon Dieu, se demande l'inspecteur Brown chargé de l'enquête. C'est là, aussi, qu'Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste d'amour pour le retrouver.

Thomas B. Reverdy nous emmène dans une ville mythique des Etats-Unis devenue fantôme et met en scène des vies d'aujourd'hui, dans un monde que la crise a voué à l'abandon. Avec une poésie et une sensibilité rares, il nous raconte ce qu'est l'amour au temps des catastrophes.



Ce que Cédric en a pensé :

Que ce soit dans la littérature contemporaine ou bien séculaire, il est extrêmement rare que le personnage principal d'un roman soit une ville. Faisant fi de ce constat, Thomas B. Reverdy a décidé de consacré son dernier roman à la ville de Détroit, cité de l'oncle Sam mondialement connue pour être la capitale de l'industrie automobile américaine ; le titre de l'ouvrage – Il était une ville – laisse d'ailleurs peu de place au doute quant à son sujet. Il faut dire que le destin singulier de cette métropole – fleuron du capitalisme et de l'industrie automobile pendant des décennies, la cité à subit de plein fouet les différentes crises économiques condamnant sa population au chômage et l'obligeant à fuir (la ville a perdu près de quarante-cinq pour cent de sa population depuis les années 80), se muant peu à peu en une ville fantôme ou règne l'insécurité et la plongeant dans la banqueroute, Détroit étant officiellement en faillite depuis 2011 – a de quoi inspirer. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la ville est depuis quelques années choisie pour être le théâtre de films ayant besoin d'un décor spectral, à l'instar de Lost River en 2014, le premier long-métrage de Ryan Gosling en tant que réalisateur.

Thomas B. Reverdy nous conte donc Détroit où Eugène, jeune ingénieur français, est parachuté par son entreprise pour mettre en place un programme automobile salvateur qui ne verra jamais le jour ; Détroit où Candice vivote en servant dans un bar ; Détroit où Charlie, douze ans, fugue en compagnie de deux de ses camarades ; Détroit où l'inspecteur Brown, solitaire et taciturne, essaye de faire son boulot du mieux qu'il peut en composant avec les finances en berne de la police. Détroit qui va faire se croiser la route de ces personnages pour le meilleur mais aussi, parfois, pour le pire.

Le style épuré et poétique de l'auteur nous emporte au cœur de cette ville au destin tragique, faisant preuve de compassion à son endroit, sentiment que nous ne pouvons pas manquer de ressentir également. Un bien joli roman.


Citation :

«Il écrira : Ce soir-là lorsque j'ai suivi Candice chez elle, j'ai su que je ne construirais pas l'Intégral, mais que j'allais peut-être rencontrer quelqu'un. Cela n'a pas sauvé la ville bien sûr. Je ne suis pas un ange. On ne sauve pas une ville avec des gens mais avec des investisseurs, des usines, des projets et des taxes. Vous savez cela mieux que moi, mieux que personne. C'est le discours que vous servirez demain aux gouvernements, aux banquiers. Et pourtant, on ne peut pas la sauver sans les gens. »

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