jeudi 8 octobre 2015

Toni Morrison – Délivrances / chronique



Quelques informations sur ce livre :

Auteur : Toni Morrison
Titre : Délivrances
Nombre de pages : 198
Éditeur : Christian Bourgois Éditeur
Prix : 18,00 €
Date de sortie : 20 août 2015




Quatrième de couverture :

Dans son onzième roman, qui se déroule à l'époque actuelle, Toni Morrison décrit sans concession des personnages longtemps prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes.
Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge – à autrui ou à elle-même – et du fardeau de l'humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l'avenir avec sérénité.


Ce que Cédric en a pensé :

Parce que sa peau est noir ébène, Lula Ann – qui se fera plus tard appeler Bride – est rejetée par sa mère qui ne se figure pas avoir pu engendrer une enfant à la chair si sombre, elle la mulâtre au teint clair. D'autant plus que le père de la petite, bien qu'afro-américain, est également doté d'une carnation exsangue ! Ce manque d'affection et d'amour maternel va avoir des conséquences pernicieuses sur la vie de la petite Lula Ann qui, dans l'espoir d'obtenir un peu de reconnaissance et de tendresse de la part de sa génitrice, va commettre un acte désespéré et lourd de conséquences ; adulte, elle devra composer avec cette terrible décision prise à l'âge de huit ans.

Toni Morrison, romancière âgée de quatre-vingt quatre ans, lauréate du prix Pulitzer en 1988 et prix Nobel de littérature en 1993, nous livre dans ce roman – son onzième – une épopée haute en couleur sur fond d'abandon et de racisme. Délaissée par sa mère et ostracisée par ses semblables, Bride a dû rivaliser d'efforts pour se hisser dans la société et ne ménage pas sa peine au quotidien pour se fondre dans la masse. Par le truchement de cette âme blessée, Tim Morrison s’emploie à interpeller le lecteur, à l'interroger sur les conflits et les changements culturels de notre époque ; le tout dans un style frais, simple mais jamais simpliste, non dénué d'humour, et en donnant la parole à plusieurs de ses protagonistes qui se relayent tour à tour pour nous narrer l'histoire de la petite Lula Ann, devenue la pimpante Bride.

Un roman passionnant qui se lit d'une traite.



Citation :

« Ça m'a donné une leçon que j'aurais dû savoir tout ce temps-là : ce qu'on fait aux enfants, ça compte. Et ils pourraient ne jamais oublier. Elle a un boulot de tonnerre en Californie, mais elle n'appelle plus ni ne vient plus me voir. Elle m'envoie de l'argent et des trucs de temps à autre, mais ça fait je ne sais combien de temps que je ne l'ai pas vue. »

« Comme elle se plaignait de sa mère, elle lui avait dit que Sweetness la détestait en raison de sa peau noire.
– Ce n'est qu'une couleur, avait-il dit. Une caractéristique génétique : pas un défaut, pas une malédiction, pas une bénédiction ni un péché.
– Mais, avait-elle riposté, les autres croient que les différences raciales...
Booker l'interrompit.
– Scientifiquement, il n'existe rien de tel que la race, Bride, donc le racisme sans race est un choix. Enseigné, bien sûr, par ceux qui en ont besoin, mais c'est tout de même un choix. Les gens qui le pratiquent ne seraient rien sans lui.
Ses propos étaient rationnels et, à l'époque, réconfortants, mais ils n'avaient pas grand-chose à voir avec l'expérience au quotidien, comme le fait d'être assisse dans une voiture sous le regard ahuri de petits enfants blancs qui n'auraient pu être davantage fascinés s'ils s'étaient trouvés dans un musée de dinosaures. »


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